Willy Bihoreau

Willy Bihoreau intègre, après son baccalauréat, une école d’art à Paris.

En 2001, Il rejoint un collectif d’artistes et obtient un atelier où il va pouvoir s’essayer à toutes sortes d’expérimentations artistiques.

Pendant cette période, il s’adonne aussi à la composition musicale sur ordinateur et se perfectionne à l’utilisation de Photoshop, un logiciel de manipulation d’images.

C’est en 2003, à la découverte de l’ouvrage « Hauts fourneaux » de Bernd et Hilla Becher qu’il prend conscience que l’image est un matériau artistique comme un autre.

Il décide alors de l’intégrer dans son processus créatif.

Lui qui compose déjà de la musique électronique à partir de samples, a l’habitude de créer avec des bribes de musique ; pourquoi n’adopterait-il pas le même procédé avec l’image ?

Ainsi, une nouvelle approche technique apparait dans son travail.

A partir des esquisses qu’il accumule dans son carnet de croquis, il sélectionne ensuite tous les éléments photographiques dont il a besoin, les fragmente, les manipule et les assemble entre eux sur son ordinateur.

Photoshop devient dès lors son nouvel allié, le logiciel est un outil créatif aux possibilités infinies. Le puzzle s’élabore peu à peu. Parfois, l’élément photographique ne pouvant être obtenu, il le conçoit alors en 3D ou en digital painting, pour ensuite l’incorporer à son assemblage.

Une fois sa composition suffisamment aboutie, il peut passer à la seconde phase du travail.
Il imprime son image dans une version peu contrastée, en demi-teinte, pour qu’elle devienne sont support à peindre. Le papier est marouflé sur la toile ou bien celle-ci est imprimée directement.

Retour ensuite à l’atelier, où l’artiste retrouve ses pinceaux et son chevalet pour finaliser le travail par la peinture.

L’œuvre est ainsi intégralement reprise à l’acrylique, méthodiquement et méticuleusement. Le peintre révèle alors l’œuvre comme il l’imaginait au départ, il ajuste l’éclat de la lumière, les valeurs, équilibre la densité des ombres.

Le travail photographique est subtilement noyé dans la matière picturale, ce qui confère à l’œuvre un nouvel aspect hybride saisissant.

Cette réappropriation complète de la photographie et la façon dont il parvient à la transcender par la peinture ont tout naturellement conduit l’artiste à intégrer le mouvement Transfiguring. Dans la même période, le célèbre site « Unfamous Resistenza » titrait son article : « Willy Bihoreau : l’hybridation parfaite entre peinture et photo ». Willy, lui, indique qu’il souhaite « situer le rendu de ses œuvres à la croisée des techniques employées, pour interpeller le spectateur sur la nature de ce qu’il regarde. Il maintient l’empreinte visuel de chaque médium employé, tout en cherchant à les fusionner ensemble ».

A partir de 2005, les tableaux ne cessent de se succéder, sans avoir pour autre objectif que de dénoncer un quotidien planétaire insupportable. «Ma vie, c’est l’expression artistique, mais cette expression est aussi un exutoire, le regard sur l’humanité est trop lourd à porter sinon.»

Voilà qui donne le ton. Quant au style, l’ambiance dans laquelle nous plonge le travail de Willy Bihoreau est sombre… Le sujet sans équivoque mêle fin du monde futuriste, carcasses, usines et vues imprenables sur la démesure destructrice de l‘homme.

Et cette projection est presque réaliste; même si quelques détails nous poussent dans la fiction, la base de chaque œuvre est tristement d’actualité.
Heureusement le dessin et la composition prennent le pas sur le sujet, les détails sont d’une précision d’orfèvre, les références au XXIᵉ siècle constantes et une pointe d’humour se glisse parfois ici ou là.

Cet univers graphique dense, voire saturé, ne laisse plus la moindre place à la nature telle que nous la connaissons encore, et lorsque celle-ci est évoquée, c’est sous la forme d‘une usine en forme d’arbre ou d’un végétal mort.
Ses œuvres extrêmement structurées nous renvoient à la perspective italienne et font d’autres clins d’œil à l’histoire de l’art, mais les vraies références qui ancrent ce travail sont le graffiti, le futurisme, les films d’anticipation et de science-fiction noirs, les jeux vidéo; et les mentors de l’artiste ont pour noms Banksy, Enki Bilal, Hans Rudolf Giger, Roland Cat, ou encore Zdzislaw Beksinski.

Le message est clair, et n‘empêche pas Bihoreau de poser ces questions en filigrane de ses œuvres: est-ce bien vers cela que notre civilisation souhaite se diriger ?

Combien de temps faudra-t-il aux moutons de Panurge que nous sommes pour quitter le chemin tout tracé de l’abattoir de masse? La vie d’aujourd’hui a-t-elle le droit de valoir plus que celle de demain?

Willy Bihoreau / Jean-Claude Volot

SES INTERVENTIONS :

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