Dimanche 24 avril 2022 | 14h
Salle 2
Est-il contradictoire de vouloir discuter de questions propres à la création littéraire, dans un festival dont la thématique se veut engagée dans le réel, aux prises avec les radicalités politiques de nos imaginaires ?
Souvent, lorsqu’on veut mettre en lumière ce que la science-fiction, et plus largement les genres de l’imaginaire, apportent comme matière à des réflexions concrètes, on aura tendance à se concentrer sur leur contenu, leur propos.
Éventuellement, on parlera de choix narratifs, de diversité des représentations, mais plus rarement d’expérimentation et de contraintes formelles, d’esthétique ou d’attention au matériau de la langue.
Ces questions peuvent même paraître martiennes, lorsque la plupart de nos débats s’articulent plutôt autour d’une tension entre le potentiel subversif de la Science-fiction, et sa récupération plus ou moins consommée par l’industrie du divertissement, et autres Soft Power.
Une dichotomie vis-à-vis de laquelle notre discussion pourrait sembler appartenir à une autre sphère, plus élitiste, plus éthérée… Pourtant, comment séparer le fond de la forme ?
Si nos discussions portent beaucoup sur le contenu de nos imaginaires et de nos représentations, nous tâchons aussi de ne pas perdre de vue que la question n’est pas seulement quoi raconter, quoi écrire, de quoi parler, mais aussi comment.
Cette question semble au cœur de la pratique littéraire de nos quatre intervenant·e·s. S’il sera beaucoup question de littérature sur cette table-ronde, les questionnements qu’elle soulève traversent, au fond, tous les medias convoqués aux Intergalactiques, comme le cinéma ou le travail de nos invité·e·s vidéastes.
Les auteur·ice·s, d’ailleurs, expérimentent aussi d’autres formes de création (sonores, collectives, plastiques, interactives…), qui alimentent leur pratique de l’écriture.
Enfin, le travail d’écrivain·e ne saurait se concevoir isolée de ses conditions matérielles de production, ni, au sein du fandom, d’autres modalités d’engagement et de socialisation.
Qu’y a-t-il de subversif à revisiter les codes du film de braquage et l’imaginaire des Bacchanales pour raconter l’irruption de cambrioleuses dans un bunker de vins millésimés et thésaurisés ?
A raconter une communauté de femmes en immergeant le lecteur dans un manuscrit fragmentaire datant de l’an mil, composé à partir de sources linguistiques diverses ? À proposer le récit de l’insurrection d’une mégalopole cyberpunk dans une langue hybridée de dialectes caribéens ?
A écrire à 4 mains, 6 mains, et même plus, une ville qui soit le réceptacle de nouvelles et d’expérimentations littéraires de toutes sortes, sur quatre recueils et même plus ? A partager par mail une nouvelle par mois, sur une période de 10 ans, à ses lecteur·ice·s ?
Partant d’interrogations de lecteur·ice·s à des créateurs et créatrices d’imaginaires, cette discussion tâchera d’avoir toujours à l’esprit la phrase suivante, citée en conclusion du recueil Few of us de luvan (Dystopia, 2017) :
« On lit, on aime, on remâche.
Personne n’écrit seul, en réalité. »
Léo Henry & Jacques Mucchielli
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