En présentant des sociétés différentes de la nôtre, la Science-fiction est le lieu idéal pour opérer un décentrement vis-à-vis des normes qui conditionnent tant notre être social qu’intime.

Et en même temps, elle en est toujours le reflet, traversée comme toute forme d’expression culturelle par une tension entre la reproduction des codes dominants, et la possibilité de se saisir de la fiction pour, au contraire, s’émanciper de ces représentations, voire agir sur elles.

Sur les questions d’identité de genre et de sexualité, la science-fiction n’est pas en reste : là aussi, le détour par l’altérité peut permettre de parler, de manière métaphorique, de notre monde, et en même temps, de se saisir de la liberté de création et d’imagination qu’elle offre pour s’émanciper des limitations imposées. On repensera forcément au premier baiser interracial à la télévision dans la série Star Trek.

Aux possibilités de romances extraterrestres dans les jeux vidéo Mass Effect. Également en littérature, chez des auteurs et autrices comme Ursula K. Le Guin, Theodore Sturgeon ou Francis Berthelot, dont le roman Rivages des intouchables met en scène les relations jugées “contre nature” entre individus de deux races extraterrestres différentes, rappelant la discrimination vis-à-vis des homosexuels, les luttes LGBT et l’épidémie du SIDA. 

Cette discussion sera l’occasion d’aborder cette tendance queer de la science-fiction : outre la question de la représentativité, ce sera aussi l’occasion pour les intervenant·e·s, réalisateur et autrices, de parler de leur propre rapport à l’écriture à cet égard : Comment écrire sur le corps et la sexualité ?

En quoi le fait de se projeter dans des personnages, les faire exister à l’écran ou sur le papier, est aussi une expérience de l’altérité, et quelles en sont les implications à leur échelle ?