Le monstre est une représentation de l’altérité qui, par son caractère évidemment surnaturel, transgressif, semble ressortir bien plus spontanément du fantastique et de l’horreur que de la science-fiction.

Pourtant, il n’est pas rare que cette dernière mette en scène des figures monstrueuses, puisant à des sources mythologiques et horrifiques : il suffit de songer au xénomorphe d’Alien pour s’en convaincre, un organisme fonctionnel et surévolué dont l’esthétique évoque aussi le pur montre de film d’horreur (qu’il est par ailleurs).

De la créature de Frankenstein aux vampires et aux chimères en passant par les entités lovecraftiennes, elles nous saisissent immédiatement, provoquent l’inquiétude et la terreur de par une esthétique étrange et transgressive, mais aussi parce qu’elles renvoient à un inconscient collectif puissant, qui charrie avec lui tout un lot de symboles.

Aussi, on comprend aisément que, cherchant par exemple à donner une apparence et une consistance à des espèces extraterrestres, la SF ait puisé dans l’imaginaire ô combien prolifique et inventif de la monstruosité.

Mais la science-fiction, de par son assise scientifique, aurait tendance à intégrer cette dernière dans la continuité d’un univers cohérent.

Ce faisant, elle peut renvoyer aux tentatives, à partir du XVIIé siècle, de faire des monstres un objet d’étude scientifique.

En même temps, le monstre est un autre que l’on peine à rationaliser, à expliquer, parce qu’il est précisément irréductible à toute forme de mesure.

Cette discussion aura donc pour but non seulement d’évoquer le monstre comme figure de l’altérité, dans toute sa spécificité, mais aussi d’explorer les sources fantastiques et mythiques de la science-fiction, les moments où, à travers les monstres qui y surgissent, l’étrange y fait également irruption.