Cette table-ronde évoquera les figures de l’autre qui ont pour base un organisme humain et procèdent de transformations biologiques comme la mutation, l’hybridation, ou encore le clonage : celles-ci peuvent être le fruit d’une évolution naturelle, ou découler de l’intervention d’une technologie comme le génie génétique.

Outre la question que posent ces figures sur la définition que nous donnons de l’humanité (se réduit-elle à des critères biologiques, un type d’organisme aux contours plus ou moins mouvants ?), elles interrogent sur les fins qu’elle se donne en tant qu’espèce.

Notamment à travers l’idée qu’une forme évoluée, supérieure de l’humain, serait un jour appelée à le suppléer… Un cauchemar pour certains, un rêve pour d’autres ?

Certains récits de Science-fiction, comme A la poursuite des Slans de Van Vogt, présentent des mutants qui, bien que doués de capacités qui les rendent objectivement “supérieurs” aux humains, sont persécutés pour cette raison, qu’ils soient sujets d’expérimentations (ce que d’ailleurs ils sont parfois à la base), soit qu’ils constituent une minorité rejetée par la société, taxée de dangereuse et subversive, comme dans le cas des X-Men.

En même temps, l’essor du transhumanisme illustre bien le désir de certains de s’affranchir de la finitude de l’être humain, un désir qui s’accompagnent parfois d’une conception inquiétante du progrès, voire d’une idéologie aux relents de darwinisme social…

Des mutants marginalisés aux rêves des puissants, le thème de l’altération de l’organisme humain recouvre ainsi bien des paradoxes, qui loin de se résumer à des problèmes purement biologiques, questionnent l’anthropologie tout autant que les récits qui traversent l’histoire de l’humanité, et en disent souvent long sur le modèle de société et l’horizon politique dans lequel elles s’inscrivent.