Sélection Cinéma | Science-fiction et Ecologie

Confinée dans leurs appartement, l’équipe du festival vous propose, tout au long de cette période, différents programme dont une séquence hebdomadaire autour du cinéma de Science-fiction.

Pour cette cinquième semaine, nous continuons avec la thématique Ecologie !

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La Belle Verte

De Coline Serreau (1996 / 1h39 / France)
Avec Coline Serreau, Vincent Lindon, Marion Cotillard

Par Nicolas Sébastien Landais
Responsable programmation Cinéma

Quelque part dans l’univers existe une planète dont les habitants évolués et heureux vivent en parfaite harmonie. De temps en temps quelques-uns d’entre eux partent en excursion sur d’autres planètes.
Curieusement, depuis deux cents ans plus personne ne veut aller sur la planète Terre. Or un jour, pour des raisons personnelles, une jeune femme décide de se porter volontaire. Et c’est ainsi que les Terriens la voient atterrir en plein Paris.

Un film de science fiction, peut-être, mais totalement au service des messages progressifs chers à sa réalisatrice, Coline Serreau. La Belle verte divise énormément son public et c’est certainement dû à la grande naiveté de cette oeuvre.
C’est un conte moderne avec toute la simplicité et le manichéisme que ça induit. Pour les potentiels progressistes (voir idéalistes) qui sommeillent en nous, c’est un film qui fait rêver à un monde meilleur et nous en propose un tableau. En cela, il tire une grande originalité qui en fait un ovni dans le cinéma Français.

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Snowpiercer

De Joon-ho Bong (2013 / 2h05 / Sud-Coréen, Français, Américain, Tchèque)
Avec Chris Evans, Jamie Bell, Tilda Swinton

Par Stéphanie Vincent
De l’équipe de programmation du festival

Une nouvelle ère glaciaire mondiale condamne la terre après des tripatouillages d’origine humaine sur le climat. Un ‘visionnaire’ a créé sa propre Arche de Noé pour nantis, un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans jamais s’arrêter pour fendre la glace, le Snowpiercer.
A son bord, l’élite choisie par le concepteur du train, mais aussi une poignée de passagers clandestins, parqués en queue de train et soumis à un régime dictatorial et sadique par ‘l’élite’, située elle en tête de train. Jusqu’à ce que la rébellion éclate…

« L’Enfer c’est les autres », et rarement comme dans ce microcosme, où la hiérarchie des classes et la maltraitance des ‘sous-humains’ est la norme. Mais au-delà de la critique sociale féroce (magnifiquement mise en scène et illustrée au travers de décors somptueux et de combats implacables, outrés et jouissifs), c’est aussi la monstruosité de l’être humain, capable de littéralement broyer ses propres enfants, et de se cannibaliser, et par opposition, la parfaite harmonie de la nature, qui est l’enjeu du film. Au point de départ d’une succession d’horreurs morales et de sévices physiques : l’arrogance de l’humanité et sa déficience morale.

[Spoiler !!] La fin du film est d’ailleurs un rappel à l’humilité : lorsque le train déraille et qu’enfin, la caméra nous sort de ce huis-clos monstrueux, les deux rescapés du naufrage, une ado et un enfant, découvrent un paysage d’une beauté et d’une sérénité totalement opposées au chaos et à la fureur présentés jusque là. La nature est résiliente et se suffit, la société humaine n’y est qu’une scorie oubliable. Les deux personnages rescapés survivront-ils pour recommettre les mêmes erreurs ? Bong Joon Ho, en laissant une fin ouverte, semble nous dire : quel intérêt, contemplez plutôt la nature dans ce qu’elle a de parfait sans nous !

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Silent Running

De Douglas Trumbull (1972 / 1h29 / Etats-Unis)
Avec Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin

Par Jal
Chargé de coordination générale

Dans le futur, la Terre n’a plus assez de ressources naturelles pour survivre ; la végétation a presque totalement disparu. À bord du transporteur spatial Valley Forge, le botaniste Freeman Lowell, aidé par des robots intelligents, s’occupe avec passion de l’entretien des serres géantes. Mais un jour, la décision tombe : les serres doivent être détruites pour des raisons économiques…

Avec son message à la fois poétique et écologique, Douglas Trumbull – qui réalisera le très réussi Brainstorm dix ans plus tard, nous livre une histoire de survie, de solitude, et d’amour totalement dans cette veine de la Science-fiction pessimiste et politique des années 70. Un film précieux à voir ou à revoir à presque cinquante ans de sa sortie.

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Nausicaä de la vallée du vent

Film d’animation de Hayao Miyazaki (1984 / 1h56 / Japon / 2006 pour la sortie française)

Par Anne Canoville
Responsable littéraire du festival

Mille ans après la guerre planétaire qui vit s’effondrer la civilisation industrielle, la Terre est devenue un désert recouvert d’une immense forêt toxique, la Mer de Décomposition. Les descendants des derniers survivants se retranchent dans les zones vivables. Deux empires, les Tolmèques et les Dorks, s’affrontent pour la possession des ressources et des territoires.
Dans leur ombre vivotent des royaumes indépendants comme celui de la Vallée du Vent, petite communauté agricole où vit la princesse Nausicaä. Elle est douée d’une curiosité vis-à-vis de toutes les formes de vie, en particulier des Ômus, les insectes géants et redoutables habitant la Mer de Décomposition. Contrainte à quitter sa Vallée suite à l’invasion des troupes tolmèques, Nausicaä se retrouvera au coeur du conflit ; elle devra affronter son destin, luttant pour rétablir la paix entre les humains, l’équilibre entre ceux-ci et la nature.

Nausicaä de la Vallée du Vent est l’adaptation des premiers tomes du manga du même nom d’Hayao Miyazaki : s’il n’est pas possible de rendre, en deux heures de long métrage, la densité et la complexité des centaines de pages que compte cette oeuvre magnifique, le film n’en est pas moins beau, inoubliable même, par la profondeur et la force symbolique qu’il parvient à dégager de l’oeuvre originelle.

 Concentrant son intrigue sur quelques éléments, il met en scène une confrontation entre nature et société humaine, où Nausicaä incarne la possibilité d’une harmonie des deux. Il raconte aussi le voyage initiatique d’une héroïne poussée à quitter les siens pour découvrir le monde. Deux thèmes qui reviendront dans toute l’oeuvre de Miyazaki et qui se marient parfaitement avec l’univers post-apocalyptique dépeint ici.

Porté par une animation qui laisse déjà présager du meilleur des longs-métrages qui lui succéderont (Le Château dans le ciel, Mon voisin Totoro, Porco Rosso…), ainsi que par la superbe bande originale de Joe Hisaishi, Nausicaä est à voir absolument, si ce n’est pas déjà fait… Mais donc, à lire aussi !

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Wall-E

De Andrew Stanton (2008 / 1h37 / Etats-Unis)
Avec Ben Burtt, Elissa Knight, Jeff Garlin

Par Pierrick Thévenet
De l’équipe de programmation du festival

Après s’être attelés à transformer notre planète en déchetterie à ciel ouvert, les humains se sont exilés dans l’espace en laissant derrière eux des milliers de robots chargés du nettoyage. Plusieurs siècles plus tard, la dernière de ces machines de classe WALL-E (pour Waste Allocation Load Lifter-Earthclass) découvre la preuve que la vie est de nouveau possible sur Terre.

A travers de merveilleuses trouvailles, tant visuelles que scénaristiques (notamment pour pallier à la quasi-absence de dialogues), le film aborde de manière subtile la question de la sur-consommation et des conséquences  écologiques qu’elle entraîne.    

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Waterworld

Kevin Reynolds ( 1995, USA)
Avec : Kevin Costner, Jeanne Tripplehorn, Dennis Hopper

Par Jérôme Charreton
Responsable du concours « 48 Heures plus tard »

Dans un monde futur où les glaces des pôles ont fondu, la planète terre est totalement submergée par une mer pour le moins inhospitalière. Désormais, c’est à qui aura le dernier mot, entre les un-peu-gentils-mais-pas-trop, ramasseurs d’ordures, fans de vides-greniers et de mixtures bio, et les méchants-mais-sympatiques bouffeurs de pétrole, fumeurs de clopes sans filtre, amateurs de petites et grosses cylindrées un peu bien bien pourraves.

Un marin mutant solitaire, amoureux de sa plante verte en pot, luttant contre la faim sur son esquif low-tech-mais-fichtrement-bien-pensé, doit faire face aux sus-cités terribles « Smokers », alors qu’il se voit contraint d’aider une femme et une mystérieuse jeune fille à trouver la mythique « Dry Land ».

Souvent présenté comme le Mad Max des mers, ou le nanar le plus cher de l’histoire (ça dépend…), ce film mal-aimé a pourtant tout pour plaire : scénario simple mais efficace, jeu, univers graphique, punchlines à tous les étages… pour peu qu’on le voie comme le film très bis qu’il est, dans l’esprit, et contre toute attente, vu le budget et les effets d’annonces à l’époque de sa sortie.

Cet objet hybride a été un film de chevet et je pourrais le voir encore et pester encore contre ses contempteurs-qui-vraiment-ne-comprennent-rien et le conseiller toujours à celles/ceux qui en ont entendu parler par leur pote cynique que j’entends encore brailler : « whaaainnnn, lesse tombé, c’est trop d’la merde, ta autre chose a fer, mèque (ou meuf).

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Okja

De Bong Joon Ho (2017 / 1h50 / Etats-Unis, Corée du Sud)
Avec Seo-Hyun Ahn, Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal

Par Nicolas Sébastien Landais
Responsable programmation Cinéma

Une petite fille devient amie avec un cochon fabriqué génétiquement, appelé Okja. Mais lorsque la taille du cochon prend des proportions gigantesques, la multinationale responsable de sa création décide de le prendre, forçant la petite fille maintenant adolescente à partir en mission afin de le retrouver.

Okja c’est une histoire simple d’une petite fille qui veut retrouver son animal de compagnie. Une histoire simple qui se déploie dans toute la complexité, l’agitation et la cruauté du monde capitaliste moderne.
Comme dans tous ses films, Bong Joon Ho y mèle une réalisation impeccable et une maitrise totale du mélange de genres. Il n’y a que deux films Netflix que je conseille : Mariage Story et Okja. Si il fallait un dernier argument, je vous dirais que c’est le seul long-métrage de fiction – à ma connaissance – qui ait converti des amis au végétarisme voire au véganisme. (Ps : Je ne suis pas végétarien mais je sens que cet argument va en faire fuir certains).

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Into Eternity

De Michael Madsen (2011 / 1h15 / Italo-Dano-Suédo-Finlandais)

Par Jal
Chargé de coordination générale

Le chantier d’un sanctuaire conçu pour durer cent mille ans. Creusée dans le nord de la Finlande, à Onkalo, cette gigantesque grotte abritera des déchets nucléaires. S’adressant aux générations futures, ce documentaire en forme de film de science-fiction montre ces travaux gigantesques – cinq kilomètres de galeries plongeant 500 mètres sous terre – et pose la problématique de l’élimination des déchets radioactifs sous l’angle de la temporalité. Impliquant une responsabilité millénaire, celle-ci nous oblige à adopter une autre échelle de durée.

Véritable tour de force, le documentaire opère une inversion parfaite puisqu’il n’entre pas dans le genre de la science-fiction, mais celui de la fiction scientifique. Ainsi, si les chercheurs interviewés font preuve du même travail que celui d’un romancier – l’anticipation -, c’est dans bien le réel que les décisions auront un impact.
Au final, c’est le vertiqe qui saisit le spectateur, notamment face à la réalité de la vie et mort d’une société, qui résonne doublement aujourd’hui avec notre actualité de confinés.

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Soleil Vert

De Richard Fleischer (1974 / 1h37 / Etats-Unis)
Avec Charlton Heston, Edward G. Robinson, Leigh Taylor-Young

Par Anne Canoville
Responsable littéraire du festival

Nous sommes en 2022 : Surpopulation, épuisement des ressources, pollution, réchauffement climatique, sécheresse… Le présent n’est pas radieux, l’avenir encore moins, et seuls les plus âgés ont encore en mémoire le goût d’aliments naturels, car la nourriture est désormais produite artificiellement, selon des procédés pour le moins opaques. A New-York, la population souffre de la pauvreté, de la maladie et de la faim, les émeutes se multiplient et sont réprimées à coup de pelleteuses, tandis que les privilégiés et les dirigeants surplombent la situation, à l’abri de leurs appartements. Un policier, le détective Thorn, enquête sur le meurtre d’un homme d’affaire, et la piste des commanditaires du crime va le mener à de bien funestes découvertes.

Pauvre Charlton Heston ! Condamné à nous guider chaque fois jusqu’au pot-au-rose pour se voir dévoiler en même temps que nous, dans un coup de théâtre final et à son grand désarroi, la sinistre vérité… Une vérité qui dévoile des horizons toujours plus vastes sur le continent de la folie et du cynisme des hommes  (spoiler alert : ils sont sans bornes). 

Inspiré du roman dystopique de Harry Harrison (1966), le film de Richard Fleischer est construit comme une intrigue policière, où l’on suit Thorn (Charlton Heston, donc, mu par un infaillible désir de vérité), aidé par un vieil archiviste plutôt attachant avec qui il entretient une amitié complice, basée sur la pratique conviviale et séculaire du repas partagé ; qui s’apparente, dans ce futur là, à la déglutition conjointe d’ersatz à la texture caoutchouteuse. Et en réalité, à un autre type de pratique, qui porte aussi un nom… Non. Attendez, ne mangez surtout pas ça, you MANIACS !

Bon. Qu’on connaisse déjà, ou non, le fin mot de l’histoire, Soleil vert n’a rien perdu de sa pertinence et vaut bien d’être vu et revu. Il reflète très bien cette époque du cinéma américain d’anticipation qui, jusqu’à la fin des années 70 environ, avait une réelle portée critique et politique ; où un héros joué par une star comme Charlton Heston, capable de symboliser à elle seule la conscience morale américaine, mettait en lumière les effets pervers d’un système économique et politique, certes extrapolé par une projection dans l’avenir, mais renvoyant bien au présent.

Le propos écologique, d’autant plus novateur que le film dépeint une catastrophe dont l’espèce humaine est pleinement responsable (et même, pour certains de ses représentants, sciemment responsable), fait aujourd’hui froid dans le dos. On pense notamment à la première séquence, qui déroule sous forme d’images d’archives l’histoire de la civilisation industrielle. En somme, ne vous laissez pas tromper par le mobilier seventies et la moquette murale : Soleil vert est plus que jamais d’actualité. !

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