JEUDI 30 SEPTEMBRE A 19H
Une discussion avec Zelda de la superbe chaine DoctriZ !
Raconter la vie de Judith Merril, c’est un peu raconter les bouleversements qu’a connu le xxe siècle et l’évolution de la science-fiction anglophone.
Née en 1923 dans une famille juive new-yorkaire, d’une mère militante du droit de vote des femmes, elle s’engage très tôt en politique. Après plusieurs évolutions de son opinion, elle rejoint les trotskystes, le féminisme et les mouvements pour la paix.
Autrice, elle publie ses premiers textes en 1945 dans des pulps spécialisés dans le western ou le sport. Elle publie sa première nouvelle de SF en 1948, « That Only a Mother », dans Astounding, qui présente la catastrophe atomique du point de vue d’une femme enceinte.
Ce changement de paradigme illustre la fiction qu’elle écrit par la suite : quitter la perspective du héros masculin et viril et se réapproprier les topoï du genre pour les actualiser. Elle publie quatre romans, dont deux co-écrit avec C. M. Kornbluth et signé Cyril Judd ; et une trentaine de nouvelles.
Sa plus célèbre reste « Daughters of Earth », l’histoire d’une exploration spatiale à travers plusieurs générations de femmes d’une même famille.
Elle est très active dans la communauté et participe à plusieurs groupes d’écrivain.es de SF, tels que les Futurians ou la Milford Science Fiction Writers’ Conference. Son objectif est de créer une base de solidarité pour faciliter la professionnalisation des auteur.rice.s.
Son impact sur la SF passe également par son travail en tant qu’anthologiste. De 1956 à 1968, elle tient la série The Year’s Best/Greatest Science Fiction and Fantasy, dans laquelle elle publie simultanément les meilleures nouvelles du genre ainsi que des textes issus de la littérature générale, comme Ionesco ou Borges.
Sa posture théorique favorise une SF plus littéraire, désignée sous le terme « speculative fiction ». Elle développe ses opinions dans la chronique qu’elle tient de mars 1965 à février 1969 dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction, et devient la porte parole de la New Wave britannique.
En 1968, elle décide de partir au Canada en rejet de la politique étrangère des États-Unis. Elle nous quitte en 1997, après fait don de toute sa collection à la Toronto Public Libraries.