Formulé à la toute fin du XXe siècle, le concept d’anthropocène (néologisme signifiant « l’Ère de l’humain ») a pour mérite d’avoir exposé auprès du public l’action radicale jouée par l’humanité sur son environnement depuis l’irrésistible essor des révolutions industrielles.

Aussi pertinent soit-il, ce concept a toutefois pour inconvénient de négliger l’impact de la longue incidence de l’action humaine sur l’éco-système planétaire, même si l’évocation de cette incidence n’est pas nouvelle, comme l’illustraient les propos du comte de Buffon en 1778, pour qui « la face entière de la Terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme. » 

En conséquence, les critiques abondent pour souligner les limites du concept d’anthropocène, car il ne peut se résumer à la seule modification de l’environnement par l’humain, ni même à sa seule nature biologique. 

Parmi ces critiques, celle exprimée par des historiens privilégiant l’emploi du terme capitalocène, ce dernier ayant pour intérêt de mettre en exergue l’action spécifique, décisive et destructrice du système capitaliste à l’égard de notre environnement.

Animée par de prestigieux intervenants, cette table-ronde invite à questionner le rapport entre l’humain et son environnement. Si le mode de production capitaliste accentue mécaniquement les dérèglements environnementaux, peut-on en retour concevoir des manières de cohabiter avec le vivant autres que celui de l’extractivisme et de l’interventionnisme technologique ? Ou s’agit-il, ainsi que le concept d’anthropocène le laisse suggérer, d’une constante anthropologique difficile à surmonter ?