La fête est-elle révolutionnaire ?
Salle 02 | Manufacture des Tabacs

Moment exutoire de renversement des rapports sociaux et de suspension des normes, la fête recèle un indéniable pouvoir de subversion : ainsi, le carnaval est un moment privilégié pour se montrer, mais aussi se masquer et se fondre dans la masse, se défouler tout en changeant de peau… La fête est un lieu underground par excellence où l’on se réunit depuis les marges, à l’instar des scènes ballrooms des communautés LGBTI noires et latinas aux Etats-Unis, qui battirent leur plein à partir des années 80.
Paradoxalement, la fête peut aussi être le vecteur d’un conservatisme, via les récupérations institutionnelles de fêtes populaires par l’institution religieuse, le pouvoir ou l’ordre établi ; après le moment subversif, le retour à l’ordre ?
De fait, la science-fiction, lorsqu’elle s’intéresse à la fête, s’attache bien davantage à ces représentations de célébrations rituelles voire imposées, dans le cadre de sociétés dystopiques oppressives. Il n’y a guère que la SF des années 70 pour la représenter comme une manifestation spontanée, égalitaire et libertaire (Ursula K. Le Guin, Les Dépossédés, 1974) ou une exploration de soi dans une société qui défie les normes de genre (Samuel R. Delany, Triton, 1976).
La fête, par sa dimension exacerbée, sa temporalité singulière, la mise en mouvement d’un collectif et l’organisation qu’elle implique a donc, pour le meilleur ou le pire, un potentiel d’expression politique hors normes. C’est cet univers fascinant que nous explorerons avec nos invité·es : ses représentations et ses paradoxes, la politisation de la fête dans l’histoire des luttes, en particulier les luttes LGBTQI (des émeutes de Stonewall aux réseaux mondiaux péniches dansantes de Tout pour tout le monde d’Eman Abdelhadi et M.E. O’Brien)… Carnaval doit réapparaître !
Infos pratiques
Salle 02 · Manufacture des Tabacs
01 avenue des frères Lumière
69008 Lyon
ACCÈS LIBRE AVEC
LE PASS 1 OU 2 JOURS