Sélection Cinéma | Science-fiction et Cyberpunk

Confinée dans leurs appartement, l’équipe du festival vous propose, tout au long de cette période, différents programme dont une séquence hebdomadaire autour du cinéma de Science-fiction.

Pour cette troisième semaine, nous continuons avec la thématique Cyberpunk !

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Avalon

De Mamoru Oshii (2001 / 1h46 / Jap. Fr. USA)
Avec Malgorzata Foremniak, Wladyslaw Kowalski, Jerzy Gudejko

Par Jal
Chargé de coordination générale

Dans un avenir proche, le jeu de guerre illégal Avalon est un jeu vidéo sur lequel les joueurs branchent directement leur cerveau, et qui provoque des comportements addictifs. Certains joueurs sont tellement plongés dans le jeu que leur esprit y reste bloqué, leur corps demeure inerte, dans un état végétatif dont ils ne sortent plus : ce sont les non-revenus.

Depuis ma découverte de l’oeuvre de l’ami Mamoru (Pat Labor, Ghost in the Shell) sur grand écran, j’ai toujours eu un lien très fort entre fascination et ennui resté inchangé au fil des revisionnages. Encore aujourd’hui, je me demande si c’est du génie ou bien de l’esbrouffe intellectuelle à deux francs.

Toujours est-il que le métrage est une expérience en soi, de la poésie cinématographique dans un écrin numérique, une réelle volonté du réalisateur d’en mettre plein la vue malgré un budget peu confortable, bref, une proposition d’auteur. Si vous l’avez déjà vu, vous avez compris ce que je veux dire ; si vous êtes passé·e·s à côté et que vous aimez le genre Cyberpunk poético-torturé : allez rattraper votre retard de ce pas

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Nirvana

De Gabriele Salvatores (1997 / 1h43 / Italie)
Avec Christophe Lambert, Diego Abatantuono, Emmanuelle Seigner

Par Nicolas Sébastien Landais
Responsable programmation Cinéma

Un an après le départ de sa femme Lisa, Jimi Dini, concepteur de jeux vidéo, déprime toujours. Trois jours avant que ne soit mis sur le marché son dernier jeu, Nirvana, il découvre que son héros, Solo, a acquis une conscience propre. Tourmenté, il entreprend d’effacer son jeu dans la base de données de sa société, Okasama Starr. Commence alors pour lui un voyage initiatique, où il trouvera peut être enfin un sens à sa vie.

Je vous vois venir petits galopins ! Un film de science fiction avec Christophe Lambert c’est forcément un gros nanars. Pour commencer Gabriele Salvatores n’a pas eu son Oscar du meilleur film étranger dans une pochette surprise. En 1992 il connait effectivement une renommée internationale avec Mediterraneo

Si Nirvana, production Européenne n’a pas le budget et les effets spéciaux d’un Blade Runner il reste un beau film sincèrement cyber punk et réussi dans son ambiance (belle bande son et décors), son mysticisme et ses réflexions sur la conscience, l’identitée et le rapport au virtuel/réel. Ainsi il ne faut pas s’attendre à un gros film d’action mais une oeuvre qui prends son temps et nous embrouille, nous perd et finalement nous emporte dans son riche univers

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Tetsuo The Iron Man

De Shin’ya Tsukamoto (1989 / 1h07 / Japon)
Avec Shin’ya Tsukamoto, Naomasa Musaka, Kei Fujiwara

Par Anne Canoville
Responsable littéraire du festival

Salué par William Gibson himself à sa sortie en 1989, le film expérimental de Shin’ya Tsukamoto montre la métamorphose d’un homme, un salary man en costume tout ce qu’il y a de plus ordinaire, en un être hybride, mi-organique, mi-métallique. Si son scénario tient dans un mouchoir de poche, Tetsuo incarne parfaitement l’esthétique cyberpunk, qui se manifeste ici comme une bonne grosse décharge électrique et pulsionnelle.

Visuellement inoubliable malgré un budget visiblement très restreint, ses décors, costumes et effets spéciaux le rendent assez emblématiques d’un cyberpunk paradoxalement low-tech : on pense à certaines pages de cette littérature qui, dépeignant des sociétés hyper évoluées, contiennent des descriptions aussi imaginatives que parfois datées d’un point de vue technologique. Sans compter certains auteurs, qui avaient des notions assez fantaisistes en informatique… C’est un peu ce type d’atmosphère que l’on retrouve dans Tetsuo et ses effets spéciaux à trois bouts de ficelles : un imaginaire indus produit de manière plutôt artisanale, mais avec une folle ingéniosité, capable de créer des représentations fortes et marquantes.  

On retrouve aussi dans l’hybridation corps/machine l’influence notable de David Cronenberg, ainsi que tout un pan de la pop culture japonaise, avec les espèces d’amas de câbles, de chair et d’organes qui peuplent l’imaginaire visuel de nombreux mangakas (Katsuhiro Otomo ou Tsutomu Nihei, par exemple).  Le rythme effréné, le montage hypnotique et hystérisant du film, sont au diapason d’une société qui mue à toute vitesse, où la déshumanisation, la loi de la jungle et l’idéologie techniciste confinent en une sorte de nihilisme total. Celui-ci est consacré par la scène finale, où le protagoniste appelle à l’avènement de ce monde de métal, sadique et violent, où le plaisir et la mort sont deux faces de la même pièce. Bien qu’entré dans l’histoire du cinéma expérimental et de genre, Tetsuo fait toujours un peu figure d’ovni… Et vaut toujours le détour.

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Dead Leaves | Deddo Ribusu

De Hiroyuki Imaishi (2004 / 55mn / Japon)
Écrit par Takeichi Honda (scénario), Toonz Imai (Idée originale)
Avec Kappei Yamaguchi, Takako Honda, Yûko Mizutani

Par Jérôme Charreton
Responsable du concours « 48 Heures plus tard »

Pandy et Rétro se réveillent à poil la mémoire effacée alors ils ne trouvent rien de mieux à faire que d’aller buter tout le monde et ils sont envoyés dans la terrible prison lunaire « Dead Leaves » mais en vrai elle abrite un laboratoire de clonage humain quand ils découvrent ça ils décident de mener la révolte sanglante des prisonniers qui sont autant de victimes des expérimentations génétiques et tout ce qu’on peut dire c’est que ça va chier grave pour les tenanciers de la boîte si vous arrivez vivant à la fin de ce synopsis vous faites peut-être partie de ceux qui peuvent voir ce film WAAAAAAAAAAAAAA GRRRRRR GRRRRR BOUM TAK TAK TAK AAAAH!

L’avis de votre conseiller : eh ben… tout est dit.

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Ghost in the Shell

De Mamoru Oshii (1995 / 1h23 / Japon)
D’après le manga de Masamune Shirow

Par Stéphanie Vincent
De l’équipe de programmation du festival

Japon, an 2029, la plupart des êtres humains sont désormais des cyborgs, leurs membres remplacés en partie ou totalement par des éléments cybernétiques ou des implants,et jusqu’à leurs cerveaux, pouvant être dématérialisés et ‘encapsulés’ dans des corps synthétiques (shell). Le Major Motoko Kusanagi ,elle-même cyborg quasi-déshumanisée suite à un accident, est envoyée à la poursuite d’un hacker, le Puppet Master, particulièrement redoutable puisqu’il peut s’attaquer directement au ‘ghost’  de n’importe quel individu, annihiler sa personnalité et le contrôler pour on ne sait quel dessein…

Oeuvre emblématique du cyberpunk, le manga apportait déjà,dès 1989, son lot de réflexions passionnantes sur le trasnhumanisme: qu’est-ce qui fait que l’on est soi, son corps, son esprit ? un esprit totalement désincarné est-il encore humain, est-ce unproblème si ce n’est pas le cas, et y’a-t-il un stade d’évolution encore au-delà ? Tel est le parcours de Motoko Kusinagi, en quête d’elle-même et des limites de sa propre existence, tout en traquant avec acharnement un cyberterroriste. Parfois très complexe dans ses prospectives ontologiques, confrontant de ‘simples’ humains aux cyborgs, mais aussi aux intelligences artificielles, le manga proposait également une critique sociologique assez passionnante de ce futur fantasmé.

L’anime de Mamoru Oshii, tout en restant fidèle à cette base, apporte en plus une grande lisibilité des thèmes, une grande fluidité dans l’action, et, surtout , un design et un graphisme d’une beauté assez sidérante, surtout pour l’époque (les effets spéciaux, pour 1995 en plus, sont de toute beauté et superbement intégrés aux dessins ‘classiques’). Le tout magnifié par une bande-son absolument inoubliable et totalement singulière, signée Kenji Kawaï. Une merveille, toujours captivante même 25 ans après sa sortie, à découvrir si vous l’aviez râté, à redécouvrir si vous pensez le connaître par coeur !

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Repo Men

De Miguel Sapochnik (2010/1h31/USA-Canada)
Avec Jude Law, Forest Whitaker et Alice Braga

Par Benjamin Pattinaud aka BolcheGeek,
De l’équipe de programmation du festival

Dans le futur, l’humanité a recours à des organes artificiels qu’elle peut payer à crédit. Mais si quelqu’un ne peut plus le rembourser ? C’est là qu’entrent en jeu les repo men, collecteurs d’organes embauchés pour récupérer ces dettes.

Unique long-métrage d’un réalisateur qui sera plus tard connu pour les épisodes sans doute les plus marquants de Game of Thrones, Repo Men est très porté sur l’organique pour un cyberpunk, et c’est tout son intérêt. Pas d’univers virtuels ou de révolutions informatiques : ici la question transhumaniste est ramenée à celle, plus terre-à-terre, d’un système de santé encore plus inégalitaire, et ce sont des employés bien humains qui doivent mettre les mains dans le cambouis – ou dans les viscères – pour gagner leur croute et appliquer la politique des créanciers d’organes privés. Sans doute porté en 2010 par le problème de la dette des particuliers et l’injustice des systèmes de santé privatisés, il n’a malheureusement pas pris une ride.

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Johnny Mnemonic

De Robert Longo (1995 / 1h36 / Canada/USA)
Avec Keanu Reeves, Dolph Lundgren, Takeshi Kitano, Ice‐T

Par Nicolas Sébastien Landais
Responsable programmation Cinéma

Johnny Mnemonic est un coursier employé pour transmettre des données implantées dans son cerveau. Il est alors poursuit par des espions industriels.

Il y a beaucoup beaucoup de meilleurs films de Science fiction mais finalement peu qui représentent (à mes yeux) aussi bien le genre cyberpunk (dans son kitsh et cliché). À l’époque des VHS chaque film trouvé en vidéoclub émanait une aura magique pour le gamin que j’étais. Ainsi lorsqu’en vide grenier je tombais sur Johnny Mnemonic, un obscur film de SF (visiblement low budget) avec Keanu Reeves alias Dieu – On venait de se prendre Matrix en pleine gueule – je n’avais plus le choix. Il n’y a pas que les chefs d’oeuvres qui construisent notre imaginaire SF et depuis mon premier visionnage de ce film j’ai toujours gardé un mélange de fascination et mépris. Pourtant au fil des années le mépris s’est effacé. Oui, il y a Dolph Lundgren mais je finirai par l’apprécier dans Rocky 4 et les Expendables. Oui surtout, le scénario est complètement débile et WTF et j’adore ça. À défaut d’être un outil de réflexion d’une puissance phénoménale, la science fiction et le cyber punk se montrent particulièrement divertissants. 

Maintenant que j’ai défendu le droit de se débrancher le cerveau devant une bonne série B à la limite du nanar, parlons de ce casting. C’est quasi jouissif d’avoir réuni des artistes aussi différents. Ainsi on retrouve Keanu Reeves en héros épaulé par le gangsta rappeur Ice-T et affrontant Dolph Lundgren et le réalisateur/comédien Takeshi Kitano (Takeshi, je t’aime tellement). On retrouve également Barbara Sukowa (une des muses de la nouvelle vague Allemande), le très culte Udo Kier, le chanteur punk Henry Rollins et Dina Meyer (qui enchainera avec Starship Troopers).  Juste par plaisir SF, sans culpabilité, n’hésitez pas de regarder Johnny Mnemonic et son imaginaire cyberpunk – et puis, combien d’adaptations de William Gibson avez vous vu au cinéma ?

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A Scanner Darkly

De Richard Linklater (2006 / 1h40 / USA)
Avec : Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey Jr., Woody Harrelson

Par Anne Canoville
Responsable littéraire du festival

Keanu Reeves est Fred, mais aussi Bob Arcton : l’un est un enquêteur des stups, l’autre est un junkie, addict à la substance M, une nouvelle drogue aux effets neurologiques dévastateurs. Ils sont une seule et même personne. Bob sort avec une dealeuse du nom de Donna, et laisse squatter chez lui deux de ses amis, eux-mêmes bien déglingués du cerveau. Tandis qu’il s’efforce de dissimuler à sa hiérarchie sa double-vie, Fred/Bob manifeste des symptômes proches de la schizophrénie ; son identité et sa perception de la réalité se délitent progressivement, le film propageant cette expérience et ce trouble jusque dans l’esprit du spectateur.

Adapté d’un roman de Philip K. Dick (Substance mort en français, paru en 1977), A Scanner Darkly est à la limite du genre du cyber punk et même de la science-fiction : on se situe bien dans un horizon dystopique, avec un Etat policier qui surveille et trace systématiquement les individus, où les laboratoires auxquels appartiennent les centres de désintox responsables de la lutte contre la drogue de synthèse semblent être les mêmes qui la produisent…

Mais le monde dans lequel il se déroule a la même figure que le nôtre, avec ici pour décor une banlieue pavillonnaire californienne. Seules les méthodes et la technologie de pointe à la disposition de la police nous font réellement basculer dans la SF, notamment avec le fameux « scramble suit », une sorte de costume modifiant perpétuellement l’apparence de celui qui le porte.

Mais surtout, le procédé rotoscopique utilisé dans le film produit un effet très particulier, décalquant parfaitement les traits et le jeu des acteurs tout en mettant comme un voile sur le réel : cette dimension étrangement virtuelle, qui caractérise le mode de fabrication du film comme l’expérience du spectateur, collant parfaitement au propos du film comme du livre dont il a été inspiré, font de A Scanner Darkly un film troublant, assez unique en son genre. Plutôt noir et pessimiste, il n’est pourtant pas exempt d’humour avec ses personnages de anti-héros totalement déphasés. Il compte notamment quelques scènes d’anthologie, où le sémillant Robert Downey Jr et les grands délires paranoïaques de son personnage, crèvent l’écran et le rotoscope.

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ExistenZ

.Écrit et réalisé par David Cronenberg (1999 / 1h37 / Etats-Unis)
Avec Jennifer Jason Leigh, Jude Law, Willem Dafoe.

Par Jérôme Charreton
Responsable du concours « 48 Heures plus tard »

Allegra Geller doit défendre sa dernière création, un jeu vidéo tellement puissant qu’il brouille la frontière entre rêve et réalité. Forcée de fuir, échappant à une attaque terroriste la visant directement, elle s’allie à Ted Pikul, un agent de sécurité débutant. Malheureusement pour lui, ils ne peuvent mener cette bataille qu’en plongeant toujours plus profond dans le jeu…

Personnage pour le moins obnubilé par le corps et sa transformation, corps vaisseau, réceptacle de tout l’inconscient refoulé de l’ère technobiotique, Monsieur Cronenberg s’attaque directement à l’espace-temps dans ce chef-d’œuvre de magie formelle.

Loin des gnognoteries inceptionnisatoires, la maîtrise de l’ouvrage est ici telle qu’après une dizaine de visionnages, il est toujours une exclamation qui s’impose à la fin du générique… enfin… le temps de retrouver l’usage de la parole : « Mais il est incroyable, ce court-métrage !

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