Lorsqu’on demande à Mat3r Dolorosa de décrire son album, une seule phrase, concise et énigmatique, tombe : In a Noisy Blast is born a Road to Light.
Sibyllin, et pourtant tout y est. La référence, assumée mais humble à Milton et son Paradis perdu d’abord, en ce qu’elle évoque autant le chemin, que l’origine, la création. Parcours et figures croisées : celle de l’humain, et de son accomplissement chaotique, ou de Lucifer, ange de lumière renvoyé à l’abîme. Qui est au final le véritable «Son of Light» ?
Quant au « Noisy Blast », il est un souffle créateur autant qu’une élimination. Comprendre c’est déconstruire, éliminer les faux-semblants, les éléments trompeurs, superflus, parasites, pour atteindre la vérité d’une chose. Ce souffle violent, c’est donc aussi une recherche, une quête de compréhension, de sens.
Trouver sa voie, à travers l’obscurité, et comprendre son propre chemin en reliant les éléments séparés pour parvenir à une vision globale. Thématique chère à l’artiste – architecte dans le civil – le relief (de la musique comme de la cover) prend ici tout son sens : les pics sont aussi importants que les creux, comme la lumière ne forme un dessein complet qu’avec les ombres qu’elle génère.
Mat3r Dolorosa s’amuse de ces va-et-vient et de ses marges fragiles qui nous font basculer facilement, ou ne saisir que la partie d’un tout. Ainsi de ses mélodies qui en subissant d’infinies variations de sonorités, de textures, de rythmes se métamorphosent, imposent des sentiments et une appréhension totalement différentes de l’ensemble.