L’artiste plasticien Militello Sylvain vous invite à vous interroger sur l’iconographie rétrofuturiste ainsi que ce qui la caractérise, et au demeurant, de ce qui lui confère ses limites.
Le rétro-futurisme est une tendance dans les arts créatifs montrant l’influence des représentations de l’avenir.
Il se caractérisé par un mélange de l’imagerie « rétro » avec des styles technologiques futuriste, il explore les thèmes de la tension entre passé et futur, et les effets aliénants de l’autonomisation et de la technologie.
Il intègre deux tendances qui se chevauchent, qui peuvent se résumer ainsi « l’avenir tel qu’on le voit dans le passé » et « le passé tel qu’on le voit du futur ».
Dans la pratique, les deux tendances ne peuvent pas être nettement distinguées, comme elles contribuent mutuellement à des visions similaires.
Le premier type de Rétrofuturisme est inévitablement influencé par la prise de conscience scientifique, technologique et sociale actuelle, moderne.
Le rétrofuturisme s’inspire toujours de l’époque à laquelle il est pensé. Le futur tel qu’il est imaginé de nos jours diffère du futur tel qu’on l’imaginait dans les années 1960.
Un exemple flagrant : dans les futurs imaginés dans les années 1960, on ne voit jamais la moindre trace d’un système permettant l’inter-connexion entre tous les êtres humains, alors que depuis l’avènement d’Internet, on aurait tendance à voir ça comme un élément central de toute société future.
Situé entre uchronie et anachronisme, le retrofuturisme se révèle être une source intarissable de retranscription d’univers et de codes esthétiques développés par ses niches tel que le steampunk (rétro futurisme Victorien), le diesel punk (rétro futurisme 1re guerre mondiale) ou le clockpunk (rétro futurisme renaissance).
Si l’uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’histoire d’un événement du passé, les anachronies quant à elles proviennent souvent de l’utilisation d’une technologie dans une période donnée alors que celle-ci n’existait pas encore, ou à l’inverse, l’insertion d’un élément qui a disparu depuis.
Ces deux piliers que sont l’anachronisme et l’uchronie définissent l’essence même de l’iconographie rétrofuturiste. Ils se croisent et se mêlent afin de livrer, avec un savant mélange, les codes propres à ses niches.
Répondant à toutes ses attentes qui le définissent , certaines créations iconographiques ne s’inscrivent paradoxalement pas dans cet univers, isolé irrémédiablement dans une zone d’ombre balayé entre deux vents.
Mêlant photographie, artwork et photomontage, entre portraits et arrêts sur image, il s’agit ici de parler de « l’anachronisme uchronique ». C’est la volonté de revisiter et de déstructurer les codes esthétiques traditionnels des niches du rétro futurisme.
Le processus était de mélanger les diverses iconographies uchroniques des niches du rétro futurisme établi par leurs propres codes esthétiques distincts ou d’y insérer d’autres codes qui ne les caractérise pas pour créer des images pouvant se situer tant d’un côté que de l’autre, collé à leur univers ou non, mais se trouvant irrémédiablement dans l’iconographie au sens large du rétro futurisme.
Loin de vouloir répondre à la sempiternelle question de ce qui est une image correspondant à ses niches (steampunk, diesel punk, clockpunk…) et ce qui ne correspond pas ; une problématique s’impose tout de même. Où se trouvent ses limites iconographiques ?