DIMANCHE 16 AVRIL 2023 | 11h
Salle #2 | MJC Monplaisir 

La projection dans le temps est une des modalités principales, peut-être la plus fondamentale, de l’altérité dans la science-fiction. Et pourtant, on peut voir l’origine du genre dans des œuvres comme Utopia de Thomas More ou Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, qui faisaient voyager non vers d’autres temps, mais vers d’autres lieux. Paradoxal ? Pas forcément : de l’utopie à l’anticipation en passant par l’uchronie et le rétrofuturisme, la science-fiction semble avoir pour particularité que les mondes qu’elle invente peuvent, dans une certaine mesure en tout cas, être situés par rapport au nôtre. L’occasion de rappeler que le rapport à l’altérité évolue aussi avec le temps : des utopies du XIXe siècle aux fictions d’effondrement de la fin du XXe et du XXIè, l’écart vis-à-vis du réel ne s’opère plus de la même manière. Cette table-ronde aura pour objet ce rapport au temps si singulier qui caractérise la SF, en particulier son rapport à l’Histoire.

Utopie et progrès

Il suffit de plonger aux origines de l’imaginaire futuriste pour constater à quel point l’utopie et le progrès ont toujours modelé l’histoire de la science-fiction. D’Utopia (Thomas More, 1516) à Eutopia (Camille Leboulanger, 2022), le survol de cette histoire longue de plusieurs siècles a le mérite de mettre en lumière l’enjeu représenté par la mise en scène de sociétés et d’organisations radicalement nouvelles. 

À chaque époque et à chaque siècle leur bataille idéologique, à l’image du XIXe siècle, au cours duquel se sont affrontés les tenants d’un progrès techniciste (Edward Bellamy, H.G. Wells) et les chantres d’un futur sociétal anti-utilitariste (Samuel Butler, William Morris).

Il va sans dire que cette confrontation permanente se révèle particulièrement stimulante, car nombre d’auteur·ice·s de science-fiction, génération après génération, entendent remettre en question l’idée selon laquelle l’utopie ne saurait exister que sous la forme d’une structure organisationnelle immuable, fruit d’un progrès réalisé. Les contre-propositions ne manquent pas en effet, à l’image des éco-utopies qui ont fleuri au cours des années 1970.

À ces propositions foncièrement révolutionnaires et radicales, se superpose une indéniable et revigorante critique de l’idéologie même du progrès, que ses hérauts technocratiques entendent imposer comme une évolution historique linéaire et continue du devenir humain.

Peut-on alors affirmer que la dialectique entre utopie et progrès constitue l’un des cœurs du débat animant l’imaginaire de la science-fiction ?

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