Le voyageur temporel, à l’origine, est avant tout un observateur, un témoin des temps futurs dont l’expérience permet de mettre en perspective le présent. Mais le voyage dans le temps, avec la multiplication et la sophistication des fictions dont il est le support, a aussi transformé son protagoniste en agent potentiel. Alors, agir pour pour quoi faire, au juste ? 

Selon que cette action soit orientée vers le passé et entraîne la modification du flux temporel (comme dans les romans de Connie Willis, où les historiens-voyageurs temporels créent des modifications en chaîne, qui se verront absorbées et finalement digérées dans le cours de l’Histoire), ou vers le présent (comme dans le film  Idiocracy, où le futur dans lequel est projeté le protagoniste devient son présent, sur lequel il tente et parvient à agir), c’est tout un rapport au déterminisme (historique, individuel) qui est induit dans le dispositif universel que constitue le voyage dans le temps dans la Science-fiction.

Plus qu’un genre, le voyage dans le temps apparaît donc comme un dispositif narratif particulièrement intéressant dans ce qu’il révèle du positionnement de l’auteur·ice, entre terrain de jeu purement formel et projection politique.

Table ronde en résonance avec les Intergalactiques 2015 : Tempus Fugit.