La fiction uchronique a le vent en poupe : de Marvel avec la série What If…) à la revue Guerre & Histoire et son hors-série “Uchronies militaires” en passant par la série de BD “Jour J » aux éditions Delcourt, la mode du « et si… » a indéniablement contribué au succès de ce genre qui propose, sous la forme de mondes alternatifs, une relecture de notre histoire à partir d’un point de divergence (victoire des nazis, pour le plus célèbre).

Apparue dès le XIXe siècle (Napoléon et la conquête du monde, 1836), l’uchronie est un sous-genre de la science-fiction qui s’est popularisé à partir de l’entre-deux-guerres. Cette exploration du champ des possibles historiques s’est matérialisée en une production tout autant divertissante (quand il est juste question de concevoir un monde différent et « exotique ») que sérieuse, car l’uchronie demeure aussi un support d’expression politique.

Aujourd’hui, le recours à l’uchronie se traduit par une (sur)exploitation (parfois douteuse) dans la culture de masse, au risque de réduire le genre à un exercice formaliste paresseux qui se contente de jouer avec le fameux point de divergence pour voir ce que cela entraînerait comme conséquences. Mais l’uchronie ne peut être réduite à cette seule fonction car elle est par essence politique : modifier le passé ne se résume pas à la seule exposition d’un décor historique différent, cela implique aussi (et surtout ?) de porter un regard socio-politique sur une époque passée, ou de s’en saisir pour commenter notre temps présent. 

En compagnie de nos invité.e.s, cette discussion nous invite à un état des lieux et un débat interrogeant les limites et les potentialités du genre, tout particulièrement en regard d’une actualité lourde de menaces.